Dans un autre milieu social, la pétomanie de mon regretté père (Raoul de Montrachet) lui aurait été fatale. L’aristocratie a ceci de bon qu’elle pousse les enfants à la lucidité et à l’acceptation de leur destin à un âge où leurs camarades de petite extraction se chicanent encore autour d’un jeu de billes. On prête à ma grand-mère (Sidonie) ce trait d’esprit : Mon fils, si Dieu t’a fait péteur, il t’a épargné d’être chiant. Remercions-le.
Je n’ai pas connu ce temps historique où les flatulences de mon père faisaient se retourner les foules. Un an après ma naissance, ses réserves de gaz naturel se seraient mystérieusement taries (après une nuit d'apocalypse) et je dois donc m’en remettre aux photos de famille pour me faire une idée de ce que furent les cinquante-deux premières années de mon père. Ses deux titres de champion d’Europe me donnent le regret de cette exciting époque où tout était possible. Je me demande où sont passés les trophées de ces victoires...
Je lève mon verre à tous les pète-secs de la Terre !
Isidore-Goliath de Montrachet